poser des limites
Parentalité

Poser des limites bienveillantes à son enfant : 10 astuces pour y parvenir

« Avec Montessori, les enfants font ce qu’ils veulent. » « La parentalité positive fabrique des enfants rois. » Avez-vous déjà entendu ce genre de phrase ? Bien que de plus en plus de personnes s’y intéressent, ces 2 concepts sont loin de faire l’unanimité, et sont souvent accusées d’être laxistes. Ils peuvent même parfois inquiéter les parents, qui culpabilisent sur leur manière de faire et ne savent plus comment s’y prendre pour éduquer leurs enfants. Dans notre société, poser des limites et un cadre à son enfant est synonyme de réussite éducative.

Mais, par définition, les limites sont … limitantes. Elles provoquent également une réaction de stress chez l’enfant. Et de ce fait, elles l’empêchent de se développer harmonieusement et d’exprimer tous ses potentiels. Mais, que souhaitons-nous limiter réellement ? Les capacités cérébrales de notre enfant ? Son élan d’exploration et de compréhension du monde ? Je vous laisse y réfléchir …

Alors comment faire pour poser des limites à son enfant tout en le respectant ? L’autodiscipline dont parle Maria Montessori est-elle une utopie ? Il semble être possible de concilier discipline et bienveillance, à condition de respecter quelques critères. Je vous livre dans cet article 10 astuces pour vous y aider.

VOUS NE SAVEZ PAS COMMENT ORGANISER VOTRE ESPACE MONTESSORI ?

aménager son espace montessori

Dans cette mini formation, vous retrouverez un PDF et une vidéo avec :

Poser des limites à l'aide de règles

Là où la limite est limitante, la règle est structurante. Elle est utile et nécessaire à la vie en société. Où que vous soyez, il y a des règles à respecter. Elles peuvent d’ailleurs différer selon les lieux et les personnes avec qui vous vous trouvez. Les règles ne seront pas forcément les mêmes à la maison, à l’école, chez la nounou, chez mamie, ou au club de sport. Alors comment faire pour que son enfant apprenne ces règles, les intègre et les respecte ?

1. Définir des règles familiales en présence de l'enfant

Vous pourrez pour cela organiser une réunion familiale. Au cours de celle-ci, choisissez les règles à respecter ensemble. Mais attention, il ne s’agit pas d’imposer des règles à l’enfant de manière arbitraire. Faites-le participer et demandez-lui quelles règles lui semblent importantes à suivre pour que la vie au quotidien soit agréable. Proposez chacun à votre tour des règles, en expliquant votre point de vue. Le but est de faire en sorte que chacun comprenne l’intérêt de la règle en question. En effet, lorsque l’enfant comprend et adhère à une règle, il sera ensuite plus facile pour lui de la respecter.

2. Formuler les règles de manière positive

Lorsque vous définissez une règle, essayez de la formuler de manière positive. Au lieu de donner un interdit, expliquez à votre enfant ce qu’il a le droit de faire. Par exemple au lieu de dire « On ne dessine pas sur les murs », vous pourrez dire « Les crayons s’utilisent sur du papier ». N’oubliez pas, les interdits et limites apportent du stress dans le cerveau de votre enfant, ce qui le poussera à les transgresser. De plus, son cerveau immature a encore du mal à interpréter la négation. Si vous lui dites, « ne tape pas », il entendra « tape ».

3. Affichez les règles dans la maison pour poser des limites

A l’aide de mots pour les plus grands, ou de dessins pour les plus petits. Afficher les règles que vous avez définies ensemble peut être une bonne solution en cas de conflit ou de transgression. Il sera alors plus facile pour vous de les rappeler à votre enfant en cas de besoin. Et il ne se sentira pas soumis à une règle arbitraire ou injuste, puisque vous en aurez déjà parlé ensemble.

4. Enseignez les règles à votre enfant

Quand vous choisissez d’établir une règle avec votre enfant, vous devez vous assurer que celui-ci à les capacités de la respecter. Si ça n’est pas le cas, il faudra lui apprendre. 

Pour cela, voilà comment vous pourrez procéder :

  • formuler une première fois la règle, puis à chaque fois que nécessaire ;
  • enseigner en montrant comment faire à l’enfant en « exagérant » et en formulant à voix-haute ce qui se passe dans votre tête. Par exemple lorsque vous devez attendre votre tour à la caisse, vous pourrez ainsi dire « Ça n’est pas mon tour. Je n’ai pas tellement envie d’attendre. J’aimerai bien pouvoir passer devant tout le monde. Mais non, ça n’est pas mon tour. Bientôt ça va être mon tour. Je respire et je vais trouver quelque chose à faire pour attendre mon tour » ;
  • enseigner de manière ludique en jouant avec des peluches ou des poupées ;
  • inciter l’enfant à s’entraîner en jouant ;
  • mettre l’enfant en situation, en lui rappelant la règle.
expliquer une consigne

Si l’enfant arrive à respecter la règle que vous lui avez enseignée, n’oubliez pas de le féliciter et de le valoriser pour ses efforts. Pour cela, évitez d’utiliser des formules telles que « bravo » ou « c’est très bien ». A la place utilisez plutôt la description. Décrivez ce que vous avez vu et ce que l’enfant a fait. Vous pourrez dire par exemple : « j’ai vu comme tu avais envie de prendre le vélo à ta sœur et comment tu as respiré et décidé de sautiller sur place pour attendre ton tour ».

5. Prenez en compte l'âge de votre enfant pour poser des limites

Du fait des étapes du développement cérébral, il est IMPOSSIBLE pour les jeunes enfants de suivre des règles. Il faut savoir qu’avant 3 ans, elles ne représentent pour lui que des mots. Il n’est pas encore en capacité de conceptualiser. Et même s’il comprend les mots, il ne peut pas encore les garder dans sa tête et s’en souvenir.

Avant 4 ans, l’enfant n’a pas non plus la capacité de retenir ses gestes. Les différentes zones du cerveau permettant d’inhiber les impulsions n’étant pas encore matures. Son besoin de découverte et d’exploration prime sur tout le reste. Difficile donc de suivre une règle. Il faudra faire preuve de patience, arrêter le geste de votre enfant si nécessaire et l’accompagner dans sa frustration. La zone du cerveau contrôlant les impulsions ne commencent à maturer qu’entre 5 et 7 ans.

Mais il existe tout de même une solution pour les jeunes enfants : adapter le cadre et l’environnement, comme nous allons le voir tout de suite.

Poser des limites à l'aide d'un cadre

Proposer un cadre et un environnement satisfaisant à vos enfants les aidera à respecter les règles et contribuera à leur épanouissement. Mais qu’est-ce que j’entend par « cadre satisfaisant »? C’est un cadre sécurisant et sécurisé pour l’enfant. Et pour y parvenir, vous pourrez jouer sur 3 facteurs, qui sont aussi les piliers de la pédagogie Montessori : l’environnement direct de l’enfant, votre posture, et les activités que vous aller proposer.

6. Adaptez l'environnement à votre enfant

environnement enfant

Pour les jeunes enfants, poser des limites à travers l’environnement qui leur est proposé est une bonne alternative aux règles. C’est d’ailleurs ce que préconise Maria Montessori quand elle parle de la préparation de l’ambiance. En effet, si vous laissez à portée de main des objets précieux, ou que les prises électriques ne sont pas protégée, pensez-vous que l’enfant pourra résister à son besoin de découverte ? Non ! Donc préparez un espace sécurisé où l’enfant pourra évoluer en toute liberté. Enlevez tout ce que vous ne souhaitez pas que l’enfant touche. Disposez les jouets de l’enfant à sa hauteur afin qu’il puisse se servir seul. Sécurisez tout ce qui pourrait représenter un danger pour lui (coins de table, prises électriques).

7. Soyez un modèle pour votre enfant

Condition sine qua non pour que votre enfant respecte les règles : les respectez vous-même, ainsi que tous les membres de la famille. Si vous demandez à votre enfant de parler doucement, faites-le aussi. Et cela est valable pour toutes règles. N’oubliez pas que votre enfant avant 6 ans absorbe son environnement avec son esprit absorbant. La meilleure façon de lui enseigner une règle est donc de la respecter vous-même !

Pour que cela fonctionne, il faudra aussi que votre présence soit sécurisante pour l’enfant. Les liens affectifs sont en effet très important pour les enfants en bas âge. N’oubliez pas que vous représentez sa figure d’attachement. Et pour cela, rien de mieux que d’être à l’écoute de votre enfant et de ses besoins, et d’accueillir ses émotions de manière bienveillante, même lorsqu’il fait une « bêtise ».

8. Proposez-lui des activités stimulantes en toute liberté

La pédagogie Montessori repose sur le respect du développement naturel de l’enfant. Elle vise donc à lui proposer des activités en lien avec ses intérêts et ses compétences. Mais pour cela, il faut que l’enfant soit libre. Libre de choisir l’activité qu’il veut, et d’y passer le temps qu’il le souhaite. Ainsi il pourra nourrir son besoin de découverte, d’expérimentation et d’apprentissage. Et un enfant dont les besoins sont comblés à plus tendance à s’auto-discipliner, tel que nous le dit Maria Montessori.

« Les enfants nous l’apprennent : liberté et discipline vont toujours ensemble, ce sont deux aspects d’une même chose et là où la discipline fait défaut, la liberté n’est pas parfaite. La volonté et l’obéissance vont de pair puisque la volonté apparaît en premier et que l’obéissance vient, plus tard s’appuyer sur elle. La liberté est essentielle à la véritable obéissance, celle qui résulte du choix et non de la contrainte, elle est donc essentielle dans l’apprentissage de la volonté. » Maria Montessori.

Savoir réagir face aux transgressions

9. Dites STOP plutôt que non pour poser des limites

En effet, le stop sera plus clair dans l’esprit de l’enfant qu’un non. Il permettra d’arrêter son mouvement. Puis, respirez un bon coup pour enlever votre propre stress. Établissez ensuite un contact avec votre enfant (visuel et/ou physique), et décrivez-lui la situation sans vous énerver. En effet, crier, donner une fessée ou punir n’aidera pas votre enfant à comprendre la règle, mais ne le fera que le stresser d’avantage. Dans le même ordre d’idée, ne demandez pas pourquoi il a fait ça, mais plutôt que s’est il passé dans sa tête pour faire ça, dans le but de comprendre pour l’aider à ne pas recommencer. N’hésitez pas non plus à exprimer vos sentiments face à la situation en parlant à la première personne : « quand je t’ai vu monter sur la table, j’ai eu peur que tu ne tombes. »

stop

Lorsque l’enfant transgresse une règle, cela peut aussi être l’occasion de faire le point sur celle-ci. Voyez si la règle en question est encore utile, ou s’il faut la réaménager. L’enfant a grandit et a peut-être développé des compétences rendant la règle en question obsolète. Il est peut être temps de poser de nouvelles limites et d’établir de nouvelles règles.

10. Cherchez le besoin derrière la transgression

Contrairement à ce que l’on entend souvent, l’enfant ne cherche pas à vous tester lorsqu’il transgresse une règle. Ça n’est pas une tentative d’attaque contre vous.  L’enfant peut avoir ce comportement en réponse à un besoin. Besoin de toucher, ou d’explorer, surtout chez les tout petits. Nous en avons déjà parlé.

Mais cela peut aussi être sa manière de vous signaler que quelque chose ne va pas. Par son comportement, l’enfant cherche à attirer votre attention. Assurez-vous dans un premier temps que votre enfant n’a pas faim, ni sommeil. Puis essayez de vous rappeler si quelque chose a pu le contrarier dans sa journée, s’il y a eu des tensions non évacuées que l’enfant tenterait de se débarrasser à travers ce comportement. Vous pouvez aussi le lui demander. A vous de mener l’enquête !

L'ingrédient magique : de la patience !

Dans tous les cas, rappelez-vous qu’accompagner ses enfants dans l’apprentissage des règles est un long travail et prend du temps ! La partie du cerveau permettant de gérer frustrations et impulsions n’est pas encore mature chez le jeune enfant. Vous pouvez l’aider à faire maturer cette partie du cerveau plus rapidement en l’accompagnant dans ses différentes expériences avec bienveillance et empathie. Vous rappeler de l’importance de votre rôle éducatif auprès de votre enfant vous aidera à y parvenir et à ne pas vous emporter.

De la même manière, pratiquer la discipline positive avec ses enfants s’apprend, et demande du temps. Parfois un soutien à la parentalité peut être nécessaire. Ne culpabilisez pas et avancez à votre rythme. Portez votre attention sur toutes les fois où vous arrivez à accompagner vos enfants de manière bienveillante plutôt que celles où vous n’y parvenez pas. Cette vidéo d’Isabelle Filliozat, évoque les jeux de pouvoirs entre parents et enfants, et leurs origines, et pourra vous aider à y voir plus clair.

J’espère que cet article vous a plu, et vous aura éclairé sur les différentes manières de poser des limites à votre enfant.
Et vous ? Quelles sont vos astuces
pour faire respecter les règles à la maison ?
poser des limites
Si cet article vous a plu, partagez-le sur Pinterest !

Je m’appelle Séverine, j’ai 34 ans. Je suis maman de trois enfants nés en 2014, 2017 et 2021. En avril 2018, nous commencions avec mon aînée une belle aventure : celle de l’école à la maison. Soucieuse de laisser mes enfants évoluer à leur rythme et passionnée par la pédagogie Montessori, c’est tout naturellement que j’ai choisi de l’appliquer au quotidien et dans les apprentissages. Aujourd’hui, je souhaite aider les mamans qui débutent et souhaitent appliquer cette pédagogie chez elles, en partageant mon expérience, des astuces et des outils concrets.

4 Comments

  • Marie

    Merci Séverine pour cet article qui arrive à point nommé après une journée difficile. Les « limites » ont été dépassées souvent , résultat d’un manque de sommeil…

    • Séverine

      Avec plaisir Marie !
      Oui la première étape pour rester dans la bienveillance est d’abord de prendre soin de soi pour pouvoir s’occuper des enfants après. Facile à dire en théorie, la pratique c’est tout autre chose !
      Ici aussi les nuits sont écourtées (mon petit a été malade tout le week-end), pas évident de toujours rester zen …
      Reposes toi bien ! ?

  • Aurélie

    Personnellement ce qui marche bien avec ma 2nde c’est un non choix : elle veut un biberon de lait mais ce n’est vraiment pas le moment : tu veux un bibi d’eau ou rien du tout ? Elle réfléchit et finit par me dire qu’elle veut un bibi d’eau (après avoir tenté une dernière fois d’obtenir ce qu’elle voulait). Ou pour s’habiller : tu t’habilles toute seule ou tu as besoin d’aide ? Le résultat est le même mais elle a le choix. Je fonctionne énormément comme ça et ça marche assez bien (ça n’évite pas toutes les colères non plus 😉)
    En tout cas très bon article (point de vue d’une maman de 2 enfants de 3 et 6 ans et auxiliaire de puériculture qui travaille dans la bienveillance).

    • Séverine

      Merci pour ton retour d’expérience !
      J’utilise aussi cette technique avec mon dernier qui malgré que je vienne parfois l’aider, refuse mon aide (en tout cas au début) ! 🤣

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *